Delphine Seyrig à l'honneur
"Delphine Seyrig est une actrice de théâtre, de télévision et de cinéma majeure de la fin du XXème siècle. Née en 1932, elle est, au début des années soixante, une égérie du cinéma moderne et intellectuel. Avec le rôle énigmatique et fascinant de A. dans L’Année dernière à Marienbad d’Alain Resnais en 1962, puis avec Muriel en 1963 du même réalisateur, elle affirme son talent et son image d’actrice mystérieuse, au charme éthéré et à la féminité faite de raffinement et de distinction. Cependant, elle ne cesse de se renouveler dans des rôles plus distanciés et presqu’ironiques auprès de Luis Bunuel (Le Charme discret de la bourgeoisie), François Truffaut (Baisers volés) ou Jacques Demy (Peau d’Ane) où elle surjoue une fée des Lilas, coquette et excessive ; elle y déconstruit l’image de sa féminité. Les années soixante-dix sont pour Delphine Seyrig un tournant, elle exprime publiquement ses convictions féministes, par l’action en signant entre autres le manifeste des « 343 salopes » en faveur de l’avortement, mais aussi en participant à un collectif de vidéastes nommé les Insoumuses. Elle passe derrière la caméra avec Sois belle et tais-toi (sorti en 1981) où elle dresse un constat triste et poignant sur la situation des actrices dans l’industrie du cinéma, film qui entre en résonance avec les luttes contemporaines. En 1975, elle tourne Aloïse (Liliane de Kermadec), India song (Marguerite Duras) et Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, Bruxelles, (Chantal Akerman), trois films de femmes, sur des femmes qui subissent, peu ou prou, une forme de domination et d’enfermement. Avec Jeanne Dielman, Delphine Seyrig en ménagère est véritablement au sommet de son art. Elle paiera un peu pendant la décennie suivante, avant sa mort à l’âge de 58 ans, son engagement, la subtilité fuyante de son image, et ses choix esthétiques. " Marie-Hélène Méaux Enseignante de CPGE, Khâgne option cinéma au lycée Saint Sernin |
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