En ces temps obscurs des éclats de lumière sur grand écran, soutenus d’une écoute attentive, ont rencontré les regards brillants de 135 élèves et étudiants ravis. Le festival international du court métrage de Clermont Ferrand proposait en effet pour sa 43 ème édition une programmation de 153 films accessibles en ligne. Réparties sur quatre journées, quinze séances consacrées chacune à un programme complet ont assuré dans l’auditorium du lycée la projection d’environ 75 films. Tout en respectant les règles de distanciation, élèves des classes de CIAV et étudiants de DSAA et des STS « métiers de l’image et du son » ont su apprécier la vitalité de la forme courte et sa diversité, occasion inespérée de renouer avec une communion d’émotions qui, dans la pénombre d’une salle obscure, intensifie chacune d’elles. Films souvent en miroir fictionnel de notre présent, comme dans Os Corpos où des masques de carnaval saturent progressivement le champ traversé de violence ou bien films en référence à l’histoire : consciences meurtries par la guerre d’Algérie dans Souvenir souvenir, quand Letters from Silivri propose une chorégraphie d’extérieur en noir et blanc aiguisant ainsi l’écoute de lettres d’un prisonnier politique turc ; et encore récits surprenants dans Malabar ou Juste à Nantes! Films plus méditatifs tels The unseen River et d’autres qui suspendent heureusement le temps humain. D’autres encore qui bouleversent, comme la beauté tragiquement désespérée de Camillo dans Son of Sodom ou émeuvent avec tendresse et pudeur. Films remarqués par leurs virtuosités techniques au service d’hybridations qui font sens. Ainsi dans Maalbeek de Chandoutis, l’image référentielle est souvent travaillée jusqu’à atteindre le grain du dessin, comme travaille la mémoire en quête de souvenirs c’est-à-dire d’images construites ; ainsi ce ciné journal tenu dès le début de la pandémie : The Nightwalk, d’Adriano Valerio qui mêle habilement récit intime, extraits de films et archives familiales, sous-tendus par de courtes séquences musicales de styles variés parfois eux aussi mêlés avec l’égale et juste discrétion de l’ensemble. A cette liste incomplète, ajoutons Les mauvais Garçons pour modestement, à notre tour, féliciter Films Grand Huit – Production Cinéma qui l’a produit comme les deux précédents, société fondée et dirigée par deux de nos anciens étudiants de STS Gestion de Production et lauréate cette année du très convoité prix Procirep de ce festival ! Certes ce festival ne se réduit pas à la diffusion de formes courtes mais son accessibilité en ligne a permis de voir des films dans des conditions de réception favorables, d’approfondir les réflexions menées en cours sur tel ou tel film, la structuration d’un programme, les enjeux d’un accès direct en ligne. Que les années futures, tout en conservant les acquis de cette expérience inédite, nous permettent de retrouver aussi tous les heureux hasards et, pour ne citer qu’eux, les « expresso du matin » du festival de et à Clermont Ferrand ! Marianne Bayet |